Accros aux barbelés

« Fil de fer aux araignées griffues
C‘est ici que je traverse quand je vais là-bas
C’est ici qu’on s’ affranchit de la terre
C’est ici que l’on traverse
Que les barreaux deviennent atmosphère (…) »

Spectacle vivant mêlant théâtre, danse et poésie
Création de la Cie Ligne Mouvante
Durée : 50 minutes

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L’histoire

C’est d’abord la rencontre de deux nanas fatiguées dans une gare, une danseuse et une poète, un duo improbable qui visite les fossés des rues.
Elles débarquent avec leurs vieilles valoches dans cette ville qui semble ne pas vouloir d’elles.
Après une sale nuit dans un terrain vague et une grosse frayeur dans un parking, elles se retrouvent dans ce petit bar glauque et chaleureux.
La musique et les gens les intriguent et les émerveillent. Entre rêve et lucidité, elles font le portrait de ces personnages un peu fous et géniaux que l’on rencontre dans les bas fonds.
Parmi eux se glissent un sadique et une sorcière qui viennent les confronter à leur obscurité et les blessent. Elles reprennent leur voyage, traversant les barbelés griffus, à la recherche de leur liberté…

Note d’intention

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Mettre en scène le vivant d’un carnet de bord poétique en alliant le théâtre à la danse est un des enjeux de ce spectacle.
Basé sur les poèmes romantique punk de Fanny Sheper, « Accros aux barbelés » raconte la ville, ses ordures et ses bijoux avec un regard de rêveuse désabusée.
Les deux interprètes croisent leurs disciplines (auteur comédienne pour l’une et danseuse chorégraphe pour l’autre) afin de donner vie à ce récit.
Les sujets parfois cruels sont confrontés aux poèmes qui éclairent les caniveaux et dessinent des visages que la danse incarne et sublime.
Les frontières qu’elles soient scéniques ou psychologiques sont explorées par les deux interprètes, elles s’y confrontent et les repoussent dans le déploiement de l’histoire qu’elles veulent raconter.
La scène déborde parfois dans la salle et le public, car il s’agit ici de la rue , du bar d’à côté, de la voisine bizarre, il s’agit d’un quotidien dans lequel nous baignons tous.
Notre intention est que l’histoire vous passe à coté en vous bousculant un peu et que le visage de certains personnages vous dise quelque chose ou vous rappelle quelqu’un car cette histoire est peut-être la vôtre….

Les origines

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Les poèmes de Fanny Sheper sont à l’origine du spectacle « Accros aux barbelés ». Ils sont nés d’une envie de confronter la réalité d’un sujet social au regard poétique et onirique. Leur style Romantique/Punk a été influencé par diverses sources d’inspiration tel que la Beat Generation de Jack Kerouac des année 50, la poésie punk de Patti Smith et Jim Carroll des années 70 et l’ambiance du Sin-é café de Jeff Buckley des années 90.

Le mouvement littéraire Beat fait référence à une génération américaine perdue de fin de siècle. Beat signifiait pour John Clellon Holmes : « être à la rue, battu, écrasé, au bout du rouleau », Pour Jack Kerouac, cette expression signifiait « être pauvres et heureux ». Les membres de la Beat Generation furent des nouveaux bohémiens contestataires qui s’engagèrent dans une créativité vigoureuse et libertaire. Ils inspirèrent par la suite le mouvement des Beat Niks des années 60/70, et certains artistes des années 90 comme Kurt Cobain et Johnny Deep.

La Beat Generation est emblématique de cette jeunesse rebelle et perdue qui cherche sa route dans un système unidimensionnel de plus en plus oppressant. Les « beat» sont ceux qui cherchent à ouvrir des routes nouvelles.

C’est en s’inspirant librement de cette bohème « pauvre et heureuse », folle et perdue, s’étendant des années 50 aux années 90 que les poèmes sont nés et que le spectacle s’est construit.

Travail de recherche

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La rencontre théâtrale de la danse et de la poésie

Comment faire entrer en relation deux personnages qui ne parlent pas le même langage ?

L’une s’exprime en silence et danse avec les musiques et les textes, l’autre déclame ces poèmes.

Elles trouvent un langage commun dans un langage théâtral silencieux fait de regards complices et d’interactions muettes. La mise en scène et la structure théâtrale de ce spectacle visent à offrir un nouvel espace à la rencontre, au dialogue de ces deux disciplines.

La mise en scène

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La mise en scène s’attache à théâtraliser le rapport des deux protagonistes en créant un espace pour des personnages naturalistes dans une ambiance ordinaire comme un bar ou un quai de gare.

Les interprètes disposent alors d’un double espace de jeux. L’espace singulier où chacune s’exprime dans sa spécialité, la danse et la poésie, et l’espace commun où les personnages partagent un verre et évoluent ensemble dans l’histoire. La frontière entre ces deux espaces est poreuse et permet à chacune d’intervenir et d’évoluer dans l’espace singulier de l’autre.

L’ambiance « beat », urbaine et nostalgique est l’axe de travail de recherche scénique d’ « Accros aux barbelés ». La scénographie s’applique à rendre cette ambiance particulière avec des accessoires vieillots et des costumes démodés. Le choix des chansons (Led Zepplin et Jeff Buckley), les créations sonores et les musiques créées pour le spectacle donnent à cette histoire une atmosphère unique et intemporelle entre rêve et rue.

L’interprétation

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La comédienne

L’auteur est aussi l’interprète, ce qui donne une approche particulière des textes.

Fanny Rigal dans son travail d’interprétation est à la recherche d’un équilibre entre la distanciation dûe à son personnage théâtral et l’interprétation sincère de ses poèmes.

Elle veut rester fidèle, dans sa déclamation, à la forme et au rythme des poèmes sans tomber dans le piège du récital. Elle donne vie à son personnage en-dehors et pendant les moments de déclamation afin d’apporter une dimension théâtrale à son jeu. Son personnage à mi-chemin entre le clown et le personnage naturaliste lui permet de répondre à la physicalité de la danse sans avoir à danser et d’y apporter parfois une dimension comique.

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La danseuse

Le travail chorégraphique de Charlène Peticlerc s’est appliqué à tisser des liens et explorer les frontières entre le travail d’un personnage théâtral qui ne s’exprime que par le corps et le travail chorégraphique. Rendre le caractère du personnage palpable sans pour autant entrer dans le mime, tel est l’un des enjeux chorégraphique. L’interprétation et la chorégraphie se jouent notamment sur l’état émotionnel du personnage qui insuffle un état physique et sur la relation qu’elle entretient avec la poète. Le geste en lui-même ou détourné de son usage donne également des clés à cette recherche. Elle préserve un espace de liberté à l’interprétation de son personnage en naviguant entre chorégraphie et improvisation. Selon elle, le rythme des mots et le rythme du mouvement doivent trouver une certaine indépendance dans cette pièce, même s’ils se rejoignent parfois, pour ne pas risquer de figer l’interprétation de l’une comme de l’autre.

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